Santé - Le grand bouleversement by Jean-François Mattei

Santé - Le grand bouleversement by Jean-François Mattei

Auteur:Jean-François Mattei [Mattei, Jean-François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Santé et Bien-être, médecine
ISBN: 9791020908315
Éditeur: les liens qui libèrent
Publié: 2020-03-02T23:00:00+00:00


LES MÉDECINS IMPLIQUÉS MAIS NON DÉCIDEURS

Concernant l’évolution des mœurs, au travers de ces exemples très différents, on comprend que la médecine n’est pas – ou n’est plus – détentrice d’une autorité particulière lui permettant de décréter ce qui doit être permis ou interdit. Les décideurs politiques sont précisément élus par les citoyens pour cela et il ne faut pas confondre les genres. Le pouvoir médical ne s’exprime pas dans ce registre. Il n’est pas habilité pour trancher entre des émotions, des contradictions, des imaginaires rivaux et des visions antagonistes. En revanche, la médecine ne peut rester étrangère aux évolutions de la société comme si elle s’en désintéressait, car elle a des arguments à faire valoir pour éclairer certains débats. On pourrait arguer, en premier lieu, que les médecins connaissent mieux que d’autres les personnes qui viennent leur confier leur corps et leur esprit sans fausse pudeur, dire leurs attentes, leurs inquiétudes et leurs aspirations ; ils sont souvent sollicités pour des conseils de la vie de tous les jours. Mais leur devoir sera surtout d’attirer l’attention des décideurs politiques sur les éventuelles conséquences, directes ou indirectes, de telle ou telle décision pour la santé des personnes et la santé publique. C’est la raison pour laquelle j’ai mentionné les faits et les interrogations chaque fois que nécessaire, car personne ne doit les ignorer. Ensuite, les médecins doivent souligner que nombre de consultations pourraient ressembler davantage à des demandes de prestations de service plutôt qu’à un réel besoin médical, transformant le patient en client, ce qui ne correspond pas toujours à la mission de soigner qu’ils ont choisie. Dans tous les cas, les médecins devront pouvoir se déterminer en fonction de leurs convictions et de l’idée qu’ils se font de leur rôle, au besoin en invoquant la clause de conscience, tout en indiquant aux consultants où s’adresser pour voir leur demande satisfaite, comme dans le cas de l’IVG. Chacun doit rester libre de ses choix et de ses actes, mais il n’est pas interdit de penser qu’un des dangers qui pèsent sur la démocratie réside dans la dérégulation des désirs des citoyens censés la faire vivre47.



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